On y va depuis 3 ans, Marsatac est toujours pour nous ce bon dernier évènement qui prolonge l'été des festivals quand tout le monde a la tête guidée par la rentrée. Cette année, pour leur quinzième édition, le festival a vu les choses en plus grand, garantissant ainsi une programmation continue entre les rendez-vous de Nîmes et de Marseille ... Car si Marsatac est avant tout un festival de musiques actuelles, il tend aussi à proposer des activités pluridisciplinaires. Avec par exemple la programmation de films documentaires pour marquer sa singularité ...
Cette année justement, Marsatac s'est voulu plus offensif sur sa communication, plus direct avec des slogans ou des jeux de mots sous l'étendard "PROPAGANDA" (que votre volonté soit fête, du son sur les murs, danser sans entraves, dense Music, pensez moins dansez plus ...) D'ailleurs le public était même invité à venir s'exprimer lui aussi sur une fresque de graffitis. A l'heure ou Marseille n'a jamais été autant dans les feux de l'actualité avec ces débats incessants sur la violence de cette ville, Marsatac a prouvé encore une fois de plus qu'elle saît toujours autant s'amuser, bien loin des vieux clichés !
Pour la deuxième année consécutive mais sans pour autant en faire son nouveau lieu d'expression attitré, l'évènement Marseillais a eu lieu dans les différents espaces des docks des suds et dans la nouvelle salle du Silo. Nous avons vraiment apprécié l'implantation du festival sur ce site, avec trois espaces de musiques aux jauges bien maîtrisées par les organisateurs : la "petite" salle RBMA pour les découvertes ou pour les artistes les plus pointus, la grande salle des sucres pour profiter indoor d'artistes plus reconnus dans la fosse ou à l'étage et le très grand "chapiteau" en exterieur et couvert pour profiter des têtes d'affiches ou d'heureux élus. Et entre ces scènes, différents espaces de bonne restauration (assez rare en festival pour le souligner), d'espaces chill sympathiques. Nous avons découvert là un site très agréable et bien mis en valeur par le festival et son équipe de résistants, pourvu qu'ils puissent y rester les années qui viennent !
Mais au delà de ces considérations, et pour en revenir à la fête et à l'artistique, Marsatac a encore pris des risques dans sa programmation, car si le festival marseillais doit composer avec les têtes d'affiches pour attirer le public il sait aussi s' aventurer avec des groupes plus confidentiels en France comme le joyeux punk japonais de Polysics ou la new wave dance music des sud africains de Shangaan Electro ... Et quand Marsatac ne va pas défricher il propose aussi ses propres créations avec Mixatac, offrant la possibilité à des artistes français de rencontrer des artistes étrangers afin d'eclore de belles passerelles culturelles pour prolonger la mixité des musiques et des genres ...
C'est effectivement le point d'orgue de l'esprit de Marsatac ! Et c'était aussi cette année le point final du festival avec une soirée au théâtre de la criée le dimanche 29 septembre ... mais si nous n'avons pas pu nous y rendre, nous avons assisté aux concerts des 2 soirées organisées au docks des suds à Marseille, et voici nos coups de coeurs et déceptions :
The Stepkids
The Stepkids avec leur jazz funk psychédélique so authentic ! C'était déjà un coup de cœur sur disque pour notre émission de radio et ils ont encore fait montre à Marsatac de leur virtuosité, le trio se distribuant le chant selon les titres, tous capable de jouer et de chanter avec un égal talent. Voilà des musiciens de session et de tournée pour de grands noms de la Black music (Alicia Keys, Lauryn Hill, 50 cents) qui ont plutôt bien tourné justement ! Le festival a véritablement joué là son rôle de défrichage et d'exigence en programmant ce groupe deux fois, à Nîmes puis à Marseille.
Burning House
L'association de Hervé Salter de General Electrics avec Chief X-cel, le beatmaker de Blackalicious a beau beaucoup ressembler à du General Electrics, la sauce a vraiment bien pris avec ce monsieur 100 000 volts du clavier électrique et les rythmiques et scratch du sorcier Hip hop/electro américain. Le public assez peu nombreux présent ce soir là pourrait en témoigner, lui qui a compensé son petit nombre par l'intensité des encouragements et de l'amour donné au groupe après chaque morceau.
Modeselektor
Au départ une déception, celle de l'annulation de Moderat, le projet des deux « jumeaux maléfiques » (Evil twins) de Modeselektor avec Apparat dont on vous a fait découvrir le deuxième album il y a deux semaines sur notre émission de radio, pour ensuite se consoler et ravir les pieds et les tripes sur l'electro bastonnante mais intelligente du duo infernal allemand, qui envoie du gros sans tomber dans la facilité ou la vulgarité. Leur musique était illustrée par des visuels sympathiques et bien amenés en ce que ceux-ci n'accaparait pas non plus toute l'attention pour nous laisser aller à nos passements de jambes et à notre headbanging.
Symbiz sound
Pas vraiment dans nos goûts habituels ni dans la ligne artistique de Novorama avec leur « future dancehall » et pourtant ces deux jeunes germano- coréens nous ont mis la pêche et la banane tout à la fois en clôture de la soirée du vendredi. Sachant réellement animer une soirée au micro là où dans le style ragga , beaucoup nous insupportent à couper les musiques et déblatérer vainement, le duo berlinois sait emmener le public avec lui, avec une énergie sautillante de cartoon et un vrai sens du crescendo festif .
Bonobo
En voilà un qu'on aurait pu retrouver en simple live machine mais qui a fait l'effort de monter un véritable groupe pour sa tournée, avec une chanteuse soul, deux guitaristes, un batteur et s'emparant même d'une basse à de nombreuses reprises. Et on peut vraiment dire qu'il a fait les choses bien, commençant son set par ses morceaux très empreints de l'esprit du label ninja tunes des années 90 (hip-hop / electro / jazz et soul) pour petit à petit nous amener vers ses nouvelles productions électroniques et kaleïdoscopiques. Définitivement un des grands moments du festival.
JC Satan
Parmi les groupes à guitares du festival , on comptait sur celui-ci pour nous satisfaire avec une bonne dose d'irrévérence, d'esprit punk, garage et noisy-pop. Mission accomplie pour les turino-bordelais, nous avions une folle envie de sacrifier un poulet ce soir là tout en bougeant nos cheveux sur des signes occultes dessinés au sol. Et face à ce spectacle, le public a montré qu'il était à l'image du festival à dominante électronique: ouvert sur d'autres horizons que ceux de l'électro.
Breton
Ces anglais dont le nom a été sur les lèvres de bon nombre de programmateurs ces 2 dernières années en France, après un passage plus que remarqué aux transmusicales, revenait à Marseille après plusieurs mois d'absence scènique dans notre cher pays ... Et si Breton a été discret ces derniers temps c'est que le groupe prépare un nouvel album qui devrait sortir début de l'année prochaine ... A Marsatac, ils nous ont justement fait la surprise de jouer quelques morceaux de ce dernier ! Et tout ce qu'on peut dire, c'est que Breton prolongent leurs expérimentations pop vers quelque chose de plus efficace encore ! On a hâte de chroniquer la suite !
Gramme
Ces anglais nous ont effectivement prouvé que le punk funk n'est pas mort ! Avec une chanteuse qui sait faire de la scène un terrain de jeu, ce groupe dont les membres n'ont plus vraiment 20 ans remporte haut la main la palme du groupe qui sait encore faire transpirer avec les bonne vieilles recettes de l'ère post-punk des années 80 chère à James Murphy !
Nasser
Les marseillais jouaient à domicile ce samedi 28 septembre, très attendus, ils ont mis autant, voire plus d'ambiance que les têtes d'affiches programmées ces 2 soirs. Il faut dire que leur rock electro rappelle le son très dansant des Soulwax ! Et ça c'est imparable.
Busy P
Le boss d'EdBanger et roi de "l'électro entertaining" nous aura beaucoup fait rigoler avec son dj set mégalo et sa structure à son effigie en fond de scène ... Et puis arrêter le son pour demander aux marseillais si c'est l'heure de l'apéro. Bravo Pedro tu auras été beau à Marsatac !
Vitalic :
Malgré une installation lumineuse originale et impressionante qui nous en a réellement mis plein la vue, un gros manque de subtilité dans le set de ce dj qui nous a pourtant habitué à des titres capables de nous plonger dans de véritables ambiances comme Poison lips ou à nous faire headbanger sur le dancefloor comme avec le titre La rock one. A aucun moment nous n'avons réussi à rentrer dans cette bastonnante sans saveur, à peine plus élaborée qu'une eurodance de base. Je noircis sûrement le trait avec cette déclaration, mais souvent la surprise amplifie la déception et notre Vitalic national n'échappera donc pas à cette règle.
Magnetic Man :
la composition de ce « super groupe » de djs pouvait laisser rêveur avec l'association des pointures du Dubstep que sont Skream, Benga et Artwork qui représentent la face « tolérable » du dubstep, sans wobbles vains et mal dégrossis ni drops trops prévisibles. Cultivant au contraire une musique électronique crue, sombre et puissante, ce set laissait présager un beau ré-apprentissage pour le grand public d'un mouvement nés dans les bas-fonds des clubs anglais sur les cendres de la drum & bass. Mais loin de se montrer virtuoses dans les enchaînements, avec une qualité de son déplorable et un MC plus que dispensable , les trois anglais se sont montrés bien indignes de leur réputation.
Textes et photos : Antoine et Clément
Merci à l'équipe d'Ivox pour son accueil et son professionalisme