Avec The BPM, Brittney Parks et son projet Sudan Archives poursuit l’exploration entamée sur Natural Brown Prom Queen, mais en la recentrant autour d’un point de tension unique : le rythme comme corps vivant. Plus épuré, où chaque idée trouve sa juste place, mais aussi plus intérieur, ce nouvel album délaisse le foisonnement du précédent pour une écriture plus précise, plus viscérale, où chaque pu lsation devient une respiration.

Depuis ses débuts, Sudan Archives s’est imposée comme une figure singulière : violoniste, productrice, chanteuse, compositrice. Une artiste qui ne se contente pas d’habiter les genres, mais les refaçonne. Avec l’album The BPM , elle affine davantage son langage musical, transformant la rythmique en matière première, non plus comme simple structure mais comme moteur émotionnel.

Dès DEAD, le morceau d’ouverture, la direction est claire : beats sombres, basse qui vibre sous la peau, voix qui oscille entre prière et défi. L’album s’infiltre d’emblée dans une zone où la transe et la vulnérabilité cohabitent. Les morceaux COME AND FIND YOU ou TOUCH ME prolongent cette tension, entre sensualité et trouble. Ailleurs, YEA YEA YEA ou MS. PAC MAN soulignent sa capacité à faire dialoguer des éléments contraires sans perdre le fil : un mélange d’énergie brute et d’humour distant, toujours guidé par une intuition parfaitement maîtrisée.

Mais l’album The BPM n’est pas qu’un laboratoire rythmique.

Et non, c’est aussi un disque de chair et d’esprit, où le violon, instrument fétiche de Parks, réapparaît par touches, comme une signature fantôme. Sur le tire THE NATURE OF POWER, elle interroge justement ce rapport entre force et fragilité : qu’est-ce qu’une puissance qui ne passe plus par la domination, mais par la présence ? À l’inverse, A COMPUTER LOVE est un morceau qui explore la solitude technologique avec une douceur inattendue, tandis que NOIRE s’étire en une lente montée hypnotique, proche de la prière.

Sous ses apparences ludiques, l’album The BPM est traversé par une réflexion sur le contrôle : celui du son, du corps, du pouvoir. Là où Natural Brown Prom Queen cherchait la célébration, The BPM cherche la justesse. C’est une musique plus incarnée, plus physique, mais aussi plus méditative et un disque qui danse autant qu’il pense.

Sudan Archives y atteint une maturité nouvelle : celle d’une artiste capable de transformer la complexité en clarté, la virtuosité en émotion pure. The BPM est un album de mouvement, d’équilibre, de renaissance. Un disque qui ne cherche plus à séduire, mais à vibrer à la fréquence exacte du cœur humain.

https://sudanarchives.bandcamp.com/album/the-bpm

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