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Autrefois situé en périphérie champêtre, la 13ème édition 2010 du festival Les 3éléphants a eu lieu en ville cette année. À Laval, une petite ville toute charmante, avec de nombreux lieux de spectacles réquisitionnés et mis en place pour l'occasion (le 6PAR4, le Théâtre, le Village et le Petit Salon, les Remparts,...) autour d'une programmation alléchante, mêlant musique et arts de la rue. 

Après pas moins de sept heures de route, nous arrivons en Mayenne, le mercredi 9 Juin. Le soir, après un accueil chaleureux et alcoolisé de couch-surfeurs lavalois, on essaye de se coucher tôt, conscients du rythme effréné des trois jours qui vont suivre.

Le lendemain matin, c'est le tour de chauffe, découverte de la ville, des lieux du festival et des rumeurs citadines. Un déplacement peu banale selon les autochtones lavalois, étonnés de notre présence, « Toulouse, c'est loin quand même ! ». Eh ben oui, ils ont raison, c'est loin, mais on s'en fout, ça fait des vacances dans le Nord (eux au moins, ils ont du camembert au lait cru) et on s'est préparés à voir une flopée de concerts ! On est pas là pour rigoler, on fait les choses en professionnel.. Tellement professionnel que, le lendemain, à 18h, le camping gratuit du festival ouvre et notre tente est la première à être planté. En début d'après midi, nous avions fait la connaissance de la police lavaloise (avec contrôle des papiers et du véhicule). Première leçon : ne pas faire sa sieste sous un pont lavalois et ne pas espérer faire du camping sauvage. 

On profite de l'ultime douche (chaude) du week-end et on se dirige au 6PAR4 (salle de concert) pour le début des hostilités...

À 21h, Jon Hopkins ouvre le bal avec une performance live où electronica et techno se mêlent avec classe, fidèle à sa réputation. La soirée se finit avec les belges de The Subs, de l'electro punk qui s'avère gentille et jeun's mais un show bien ficelé. 

Les concerts de vendredi commencent à 18h15, dans le lieu de découvertes par excellence de ce festival, Le Petit Salon. On y découvre le français Boogers, seul sur scène, il livre une prestation étonnante, bien barré et rock ! On retient aussi l'electro expérimentale de Lucky Dragons, un univers rempli de douceur et une performance interactive avec le public (avec des câbles fonctionnant par conduction d'énergie), surprenant !

Ensuite, direction le Patio et l'Arène, la grosse structure du festival. Malheureusement à 20h30, le match France/Uruguay fait défaut au groupe The Chap. La prestation vaut le coup d'œil, avec notamment une session violon et contrebasse endiablée mais le public n'y est pas, satanée football !
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Les trois compères de We have band nous livrent un live entrainant, avec une electro pop old-school. Rien à voir avec Yann Tiersen, qui semble rester dans le carcan habituel d'une musique sans grande aura, bref, je dirai juste qu'il est bon musicien. La soirée s'arrête ici pour nous, on regrettera la performance de Getatchew Mekuria & The Ex, la rencontre de deux légendes du jazz et du punk, les échos du lendemain sont plus que bons, c'est pas grave, on écoutera l'album en rentrant.

Le samedi 12 juin, la journée débute à midi par un pic-nic dans le petit jardin des Remparts.  Mister Eleganz vs Ptit Fat (voir photo à gauche) s'éclatent en balançant des sons bien jazzy, soul-funk et easy-listening. Du régal pour les oreilles, surtout que Lucky Dragons revient pour un live lunaire, idéal pour la digestion et une petite sieste. Arts de la rue oblige, les deux comédiens de Qualité Street investissent le site pour nous présenter Boule de poil, héros en devenir et son manager, Pierre Bonnaud. Tordant et farfelu !

On se dirige ensuite au Petit Salon. Là encore, la qualité des artistes est plus que bonne. Le français Gérald Kurdian et son projet musical solo This Is The Hello Monster ! nous entraîne dans un univers folk-bricolé, sensible et touchant, le tout accompagné d'une chorale locale, constituée d'une dizaine de chanteurs amateurs.


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La véritable coup de cœur des 3Eléphants, qui s'avérera être le mien aussi, a lieu ensuite. C'est le couple/duo suédois de Wilbirds & Peacedrums (voir photo ci-dessus), l'une au chant et l'autre à la batterie, accompagnés par la chorale mayennaise sur quelques morceaux. Véritables virtuoses, les deux compères nous font découvrir leur genre décalé alliant pop spirituelle, soul extatique et blues primaire. Une grosse claque rassurante, qui redonne du pep's pour la suite.

C'est au Théâtre de Laval que ça continue et, veinards que nous sommes, les trois jeunes membres (deux pianos et une batterie) du groupe Aufgang (voir photo ci-dessous) livrent une performance bluffante. Usant parfois de samples electro efficaces, le batteur catalyse et fait monter le rythme tandis que les deux pianistes jouent du contemporain comme des pros. On a parfois du mal à rester sur les sièges (confortables) du Théâtre, se contentant de bouger la tête.

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Une journée riche en découvertes qui se finira au Patio et à l'Arène où l'on retrouve Hocus Pocus qui, sans prétention, fait bouger le public de l'arène avec un hip hop à la sauce jazz/funk. Tout juste le temps de déguster un petit sandwich que les irlandais de Two Door Cinema Club poursuivent. On retiendra leur pop bien construite mais manquant encore de maturité. 

La mention spéciale « What the fuck ! » ou « Grand n'importe quoi » revient à Tricky, qui arrive sur scène avec un pétard (la photo du programme nous avait prévenu), se ravitaillant pendant tout le live (preuve peut être de son inspiration). L'hurluberlu, à la voix quasi absente sauf quand il pose son micro sur son sternum en levant les yeux au ciel (allez comprendre !?), se contente de diriger ses musiciens... et la sauce prend... Une prestation étonnante et efficace. Mention spéciale.

On revient ensuite à  la normale avec le duo enthousiaste Jamaica, de l'electro rock rappelant celui de Phoenix avec de l'énergie à revendre. Le final de cette soirée revient aux lillois de Dat Politics, de l'electro bourrine (entendue méliorative) dans toute sa splendeur, idéal pour faire danser une foule encore debout jusqu'aux environs de 5 heures du matin, nous compris. On rentre ensuite au camping pour retrouver, comme dans tout festival, le brouhaha ambiant de ce lieu, où le mot « apéro » est omniprésent (Allez y les jeunes et vive les boules quies !) 
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Le dimanche, on peut enfin se reposer, en profitant des arts de la rue (La Fanfare électrique, Compagnie du thé à la rue, Zéphyrologie Brass Band) et du jardin de la Perrine de Laval où des canards punks (à crêtes), une grouse poule rousse et de grands et vieux arbres se mêlent aux prestations de jeunes musiciens en herbe. Comme si ce n'était pas assez réjouissant, le dernier spectacle auquel nous assistons est celui de la Cie Beau Geste, d'une rencontre inattendue entre un homme et une pelleteuse ! La danse contemporaine est à l'honneur et les acrobaties de Dominique Boivin autour de la machine (qui danse elle aussi) impressionnent. 

Au final, pour notre première à cette 13ème édition des 3éléphants, nous rentrons, heureux, des multiples artistes découverts, de l'ambiance et du mouvement présent dans cette petite ville qui a de la gueule. Quelques lavalois nous avaient dit que cette année serait moins bonne, compte tenu du changement de lieu.  Mais nous, provinciaux du Sud que nous sommes, nous y reviendrons avec joie...

 

Charles Feraud

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