Y a-t-il une vie apres la Route du rock … cette question on se la pose chaque année depuis plus de 10 ans pour certains membres de la rédaction de Novorama. Il est une chose sûre c’est bien notre pèlerinage annuel. On vient voir ou revoir pour certains, ceux qui ont retenu notre attention cette année comme Viet Cong, Rone, Dan Deacon, The Soft Moon et The Juan Maclean dont on vous parlait déjà dans notre papier pré-festival !
Pour cette 25ème édition, il faut dire que l’organisation du festival a tout fait au mieux pour accueillir les festivaliers, avec les travaux de drainage dans le fort de Saint Père ou encore le camping avec ses sanitaires qui ont vu doubler leur nombre. S’il y avait un gros hic cette année, il n’est pas venu de l’organisation du festival mais bien des artistes, et la chanson vous la connaissez déjà ! C’est l’annulation de la venue de Bjork, la princesse ne voulant plus interpréter les morceaux de son dernier album, elle s’est gentiment payé le luxe d’annuler sa tournée. Mais les emmerdes ne s’arrêtant pas là Foals avait bien failli annuler aussi à quelques heures de son concert à cause de leur bassiste malade et coincé à l’hôpital, celui-ci s’est vu quand même remplacé en dernière minute par leur backliner qui par chance, connaissait quelques morceaux du groupe … la suite on la raconte ici avec les groupes qui ont retenu notre attention !
Foals
On était plutôt contents de savoir que Foals remplaçait Bjork. A quelques semaines de la sortie de leur prochain album, ce concert sonnait comme un gros retour ponctué de surprises. Il n’en a pas été le cas du simple fait qu’ils n’ont pas eu de chance à cause de leur bassiste malade. Un imprévu qui a valu à Foals d’écourter leur set de moitié. Ok, ils sont tout excusés. Par contre, on excuse beaucoup moins la setlist aléatoire qui leur a valu d’énormes irrégularités dans la continuité, de quoi vous donner envie de vous barrer manger une galette saucisse soudainement, surtout quand on sait que les écrans ont subi des problèmes techniques au même moment. On leur souhaite un meilleur live pour les mois à venir, et surtout d’arriver à nous convaincre de nouveau.
The Soft Moon
L’album Deeper de The Soft moon promettait bien un live profond et glacial dans ces envolées. Luis Vasquez en a fait un genre de transe. Même si sa voix reste peu marquée, le son transperce et paradoxalement vous invite à danser ou plutôt à déambuler tels des gens possédés. Surement un des lives les plus marquants de ce week-end.
Viet Cong
Le quatuor Canadien né sur les cendres de Women faisait partie des groupes qu'on attendait comme l'un des moments forts du festival après la performance délivrée à la Maroquinerie plus tôt dans l'année, toute en tension et ingéniosité orchestrale à la fois.
Mais peut-être encore trop empreints de ce souvenir et dans l'attente d'une performance tout aussi électrique et magnétisante, le set de Viet Cong nous est apparu plus fade en plein air, et le groupe paraissait prendre un peu le concert par dessus la jambe, rigolant avec le public du fait de se voir dans l'écran relai, étrangement positionné au dessus de la régie face à eux (ce qui donnait également ce phénomène étrange d'un public le plus petit en taille qui regardait parfois le concert dos à la scène).
Ainsi, certains morceaux comme Bunker Buster, avec son dialogue de guitares final et sa rythmique tendue, semblaient ici être un peu expédiés. La voix, tout comme lors du concert de la Maroquinerie, nous apparaissait beaucoup plus rauque et enrouée que sur l'album sur lequel elle tendait davantage vers le timbre des deux chanteurs de Wolf Parade.
Reste un bon concert qui aura permis à beaucoup de découvrir dans ce temple français du rock indépendant le talent des guitaristes et surtout du batteur de Viet Cong, ainsi que leurs compositions tantôt très directes, tantôt enchevetrées et sinueuses.
De tous les groupes les plus noisy de cette 25ème édition de La Route Du Rock, Girl Band étaient peut-être ceux qui sont apparus les plus convaincants dans leur maitrise du matériau "bruit". Les sonorités qui sortaient de leur amplis se faisant aussi puissantes et tonitruantes, qu'à d'autres moments stridentes et se vissant dans votre crâne avec un foret de 6mm, au moment même où le dit crâne est en plein headbanging. Et on a même pu jouer à ce petit jeu des hallucinations auditives qui nous a fait marrer tout le festival et qui nous a même amené à entendre "les portes du pénitencier" ou encore "My Sharona" dans certains titres de Timber Timbre. Là, c'est l'un des meilleurs morceaux, "Lawman", qui nous donnait envie dès l'intro de fredonner la guitare de début du "Pretty Woman" de Roy Orbison. Vous essaierez, poilade garantie.
Et bien sûr il faut rendre hommage à cette très bonne cover du producteur électro Blawan "Why they hide their bodies under my garage" avec sa litanie complètement aliénante qui vous poursuit longtemps, à tel point qu'on se demande nous-même toujours aujourd'hui, à l'heure où l'on écrit ces lignes, pourquoi diable ils s'évertuent donc à cacher ces corps sous son Garage, à ce pauvre type.
Flavien Berger
Un temps parfait sur la plage de Bon Secours pour le concert de Flavien Berger. Les machines chauffent lentement et le voilà parti, et nous avec. Une virée électronique ensoleillée qui aurait pu nous satisfaire toute l’après midi. Une pensée pour le titre Océan rouge qui collait si bien avec les vagues s’échouant sur le sable.
Savages
Avant la Route du Rock, pour nous Savages c'était le 9ème album du groupe de Soulfly.
Si vous n'êtes pas adepte de trash metal, un bref coup d'oeil sur la tracklist vous donnera une idée du niveau de couillitudes des gaillards: Violence / Fuck/ Cannibal Holocaust/Savagery/ Blood, etc etc
Après la Route du Rock, Savages c'était le groupe qui avait plus de couilles que Soulfly.
Porté par la charismatique chanteuse Jenny Beth,le quartet de post-rock s'est imposé comme LE groupe qu'il ne fallait pas louper lors de cette 25ème édition du festival.
Rythmes syncopés, énergie brute et froide, les londoniennes envoient du lourd et électrisent l'assistance. Pas de chichis ou d'artifices, juste une performance efficace et musclée.
Les musiciennes remportant l'unanimité, on ne s'attardera donc pas sur des perles entendues dans le public, ou lues dans la presse à propos de ce groupe:
"Elle joue bien pour une batteuse"
"Ce groupe fait du rock comme des garçons"
"Non mais elle est jolie, ça joue pas mal dans le succès de ce groupe"
Non, vraiment pas. Pas une insulte. Rien. Bave du crapaud/Blanche Colombe...
Cette (nouvelle) sérénité est entièrement due au fabuleux titre "Don't let the fuckers get you down" et l’anecdote de Jenny Beth à propos de cette inscription laissée sur un post-it par un ami à son attention.
Dan Deacon
Après le feu de Savages, qui aura bien réveillé le public de la Route du Rock, on espérait bien qu’avec Dan Deacon, il en soit de plus belle en version pop sautillante. Car il n’est pas simple de faire bouger le public de la Route du Rock, ça on le sait bien. Public attentif, respectueux, soit, mais très stoïque. Passer du post punk tourbillonant de Savages à la pop électronique du performeur Dan Deacon ne s’avère pas chose simple, mais Dan Deacon est un homme très convaincant. Après quelques phrases de motivation, Dan lance la machine et nous voilà happés dans l’univers électronique acidulé de ce génie de folie. Ça saute vite autour de nous, les sourires sont sur toutes les lèvres. Dan propose alors une compétition de danse et toute la fosse s’accroupit pour regarder les candidats se dandiner. Une grosse dose de bonne humeur, câlins et autres licornes et cœurs
en bonbons…
The Juan Maclean
Le concert de The Juan Maclean aura été une belle paranthèse enchantée dans la programmation du dimanche, le groupe New Yorkais avec 2 membres de feu LCD Soundsystem nous renvoit forcément aux très bons souvenirs des 2 passages du groupe new yorkais au fort de Saint Père ! Même si on est encore loin de l'ambiance déployée par LCD Soundsystem, c'est décidément la sensualité et l'élegance de Nancy Whang qui a primé dans leur concert. Leur son disco rock planant a néanmoins toute la force pour nous faire danser mais calé entre le show de Dan Deacon et celui de Jungle, inutile de vous dire que The Juan Maclean avait la pression et ça s'est presque pas senti, un poil blasé cependant (peut-etre au fait qu'ils jouaient sur le plus petite scène) on les a pas vraiment vu sourire pendant leur show... Il aura fallu qu'il joue Happy house, le titre d'un maxi qu'ils avaient sortis en 2009 et rejoué ici à une vitesse plus importante pour qu'on puisse enfin bondir partout !
Report par Maeva, Fille de Satan, Antoine et Clément
Crédits photos :
Romàn Arroyo (Foals)
Alexis Janicot (ambiance)
Nicolas Joubard (Flavien berger)
Arte concert : (the Juan Maclean, Viet cong, the Soft Moon, Dan Deacon)