Il y a des rencontres qui marquent, des nuits qui laissent une empreinte — et Spookie est née d’une de celles-là. Une soirée berlinoise au Club Renate, moite, électrique, inoubliable. Ce soir-là, les Français de You Man partageaient l’affiche avec le duo Local Suicide. Une collision musicale intense, instantanée, qui allait semer les graines d’une collaboration à distance, tissée à l’instinct plus qu’à la méthode.
Spookie incarne parfaitement ce lien : sombre, envoûtant, viscéral. Le morceau fusionne la trance hypnotique et organique de You Man avec les textures plus froides, presque rituelles, de Local Suicide — entre cold wave, EBM et électro chamanique. Au cœur du titre, la voix de Dina martèle ce mot, “spookie”, comme une incantation trouble et magnétique. C’est répétitif, lancinant, presque dérangeant… et pourtant impossible à lâcher. Le morceau se faufile entre ombre et lumière, capturant ce moment de tension étrange que l’on connaît dans certaines nuits : quand les corps basculent, que le temps se dilue, et que l’inconnu devient attirant.
Avec Spookie, You Man lève le voile sur Aftersome, leur nouvel album attendu pour cet automne. Après les énormes succès de Birdcage et Who We Are (15 et 13 millions d’écoutes), le duo semble amorcer un virage plus brut, plus rêveur, toujours dicté par l’instinct. Leur nouveau live — un mix hybride entre DJ set et expérience visuelle — promet d’aller encore plus loin, notamment grâce à une scénographie générée par intelligence artificielle. Le premier concert, à l’Opéra Garnier, a affiché complet en moins de 48 heures.
Spookie n’est pas qu’un titre : c’est une atmosphère, un sortilège, un avant-goût d’un monde parallèle où tout vacille — et où l’on se laisse volontiers emporter.
