Little Simz a intitulé son sixième album Lotus pour symboliser la transformation, la croissance et l’évolution de son art. Cette sortie marque un tournant majeur pour la rappeuse britannique, notamment parce qu’il s’agit de son premier album depuis qu’elle a cessé de travailler avec Inflo, le producteur de ses trois précédents disques, dont le primé Sometimes I Might Be Introvert (Lauréat du Mercury Prize). Little Simz a poursuivi Inflo en justice pour non-remboursement de plusieurs prêts. Elle a également commencé puis abandonné quatre albums, possiblement avec Inflo, après la sortie de No Thank You en 2022.

L’album Lotus a donc été produit par Miles Clinton James, qui a déjà contribué aux albums précédents de Little Simz, ainsi qu’à des projets de Kokoroko, Nao, Kali Uchis et d’autres. L’album conserve en grande partie la sonorité organique et parfois cinématographique des précédents disques de Little Simz, mêlant rythmes puissants et cordes luxuriantes. Stylistiquement, les morceaux explorent une multitude de genres, allant de la néo-soul sensuelle au post-punk tendu (« Flood »), en passant par la bossa nova fluide (« Only »), l’afrobeat à la Fela Kuti (« Lion »), le Britpop impertinent (« Young ») et bien d’autres.

Little Simz ne cite pas de noms, mais il ne fait guère de doute à qui elle fait référence lorsqu’elle parle d’« exploitation financière, exploitation émotionnelle » et de « vendre des mensonges, vendre des rêves » sur le morceau amer et accusateur « Thief », ou encore d’un « faux soutien » sur « Hollow », qui juxtapose des paroles agressives à un fond orchestral doux. Pourtant, l’album n’est pas toujours aussi en colère ou dramatique que certaines de ses œuvres précédentes. L’introspectif « Free » aborde le pardon et la compréhension du changement, avec des paroles parmi les plus profondes de la rappeuse, ainsi qu’un dernier couplet vertigineux autour du mot « free ».

Ce qui saute aux oreilles sur Lotus, c’est la manière dont Little Simz parvient à évoluer tout en conservant une authenticité rare.

Elle explore de nouvelles sonorités, mêlant jazz, soul et hip-hop avec une aisance naturelle, tout en restant profondément sincère dans ses thèmes, de l’identité à la résilience, jusqu’à la quête d’un équilibre intérieur. La force de l’album tient à cet équilibre subtil entre engagement politique et introspection personnelle, donnant une densité émotionnelle qui résonne longtemps.

Sur "Only", la douceur mélancolique de Lydia Kitto accompagne une Little Simz vulnérable, tandis que "Peace" marque un sommet d’émotion avec le soutien aérien de Moses Sumney et la finesse vocale de Miraa May. Le morceau qui a donné son nom à l’album est une véritable apothéose, une collaboration lumineuse avec Michael Kiwanuka et le batteur jazz Yussef Dayes, qui apporte une profondeur instrumentale rare. 

Cette alliance entre rap, soul et jazz donne une élégance intemporelle au projet, un instant suspendu où se mêlent l’introspection et la renaissance.

D’autres featurings comme Wretch 32 et Cashh sur "Blood", ou Sampha sur "Blue", ponctuent le parcours d’invités choisis avec soin, qui élargissent l’horizon sonore sans jamais dévier du fil rouge émotionnel. 

Lotus se révèle comme un album essentiel et résolument moderne, un disque ambitieux et profondément humain, qui fait dialoguer avec brio puissance et vulnérabilité, sophistication et immédiateté.

https://littlesimz.bandcamp.com/

 

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