Dans la pénombre hivernale, Winter’s End s’écoute comme une série de confidences murmurées à soi-même. Le projet de Balduvian Bears, aussi énigmatique que son nom, livre un disque brumeux et introspectif, à mi-chemin entre la coldwave lo-fi, le shoegaze dépouillé et les textures ambient d’un monde intérieur trop souvent tu. Avec une économie de moyens et une sincérité frontale, cet album transforme la fragilité en force.

Dès les premières notes de “Chrysalis”, un instrumental court et éthéré, le ton est donné : le voyage sera froid, un peu cabossé, à fleur de peau. Winter’s End n’est pas un disque qui se donne d’un bloc : il faut s’y abandonner, dans le bon ordre ou au hasard, pour en capter les reflets.

Le minimalisme assumé de morceaux comme “Erosion” ou “Out of Your Mind” rappelle les travaux de Grouper en mode déstructuré. Ce sont des morceaux portés par une voix discrète, des guitares étouffées et une réverbération qui agit comme une distance émotionnelle volontaire. Il y a dans ces titres une beauté fantomatique, presque insaisissable, mais jamais prétentieuse.

Le cœur de l’album bat plus fort sur des titres comme “Vagabond”, “Escape” ou “Winter’s End”

Des morceaux aux arrangements plus riches, où les mélodies prennent le temps de se déployer. “Winter’s End”, notamment, fonctionne comme un pivot : un titre qui semble contenir l’album tout entier dans ses motifs répétitifs, ses silences et ses éclats. L'hiver touche à sa fin, mais rien ne laisse présager que le printemps apportera la clarté.

La seconde moitié du disque se fait plus rêveuse encore. “Underworld” et “Nightwalk” jouent sur une veine cinématographique tapageuse, entre arpèges lancinants et nappes souterraines. On pense à des bandes-son de films oubliés, ou à des fragments de journaux intimes retrouvés sur cassette. “RUNNING” apporte un pic d'intensité presque post-rock, là où “Ticking” et “Eazy” renouent avec une forme de spleen industriel et gothique.

Enfin, “Even the Sun Has Dark Spots” clôt le disque comme un haïku sonore : court, elliptique, résolument poétique. Une manière élégante de dire que l’ombre est toujours tapie, même au cœur de la lumière. C’est dans cette ambivalence que Winter’s End trouve sa voix : pas dans l’éclat, mais dans la persistance.

https://balduvianbears.bandcamp.com/album/winters-end

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