Depuis les années 2000, Baxter Dury s'est taillé une place unique dans le paysage pop, mêlant débauche vaporeuse et paroles au scalpel, le tout porté par des arrangements lo-fi qui collent parfaitement à ses vocaux laconiques. Si chacun de ses albums a été fabriqué comme une légère variation de ce modèle, Allbarone représente lui une véritable évolution. Un saut quantique qui pourrait enfin propulser le fils de Ian Dury vers la reconnaissance qu'il mérite.

Tout a commencé par une rencontre à Glastonbury avec le producteur Paul Epworth, connu pour son travail avec Bloc Party, Coldplay, Adele ou encore U2. Quand ce dernier lui propose de collaborer, Baxter Dury accepte et ils se répartissent les tâches : Paul Epworth aux commandes musicales, Baxter Dury aux mélodies et aux textes. Le résultat donne quelque chose de plus grand, de plus brillant et infiniment plus accessible que tout ce que Baxter Dury avait produit jusqu'alors.

Le titre d'ouverture "Allbarone" pose immédiatement le décor. Les textures lisses, les synthés dernier cri et l'atmosphère chatoyante que Paul Epworth déploie créent l'écrin parfait pour les récits de décadence, de regret et de rage de Baxter Dury. Cette combinaison entre vitriol contenu et sophistication luxueuse crée une juxtaposition parfaite.

Le titre "Schadenfreude" explore les territoires de la new wave glaciale, tandis que "Kubla Khan" flirte avec un hip-hop étincelant qui révèle une facette inédite de l'artiste. Le morceau "Alpha Dog" fait vibrer ses quatre minutes trente sur une disco percutante, avant que "The Other Me" ne replonge dans un indie rock saturé de basses.

L'éventail stylistique de l'album Allbarone impressionne par sa diversité assumée. Paul Epworth mérite toutes les louanges pour avoir su identifier le potentiel de Baxter Dury et l'avoir placé dans les conditions idéales pour s’assurer davantage de succès, quel que soit le style ou le son choisi. Chaque production sonne comme du sur-mesure, révélant des facettes insoupçonnées de l'univers de l'artiste britannique.
"Hapsburg" et "Return Of The Sharp Heads" prolongent cette exploration sonore avec leurs cinq minutes respectives, explorant des territoires plus amples et cinématographiques. C'est dans ces moments d'expansion que l'influence de Paul Epworth se fait le plus sentir, apportant cette dimension épique qui manquait parfois aux précédents albums de Baxter Dury.

Grâce à la rencontre parfaite entre le talent acéré de Baxter Dury, la production stupéfiante d'Epworth et les contributions de co-vocalistes comme JGrrey, l'album Allbarone se présente comme un assemblage raffiné qui cache une puissance de frappe redoutable.

Baxter Dury a toujours excellé dans l'art de concevoir des albums hautement écoutables mais apparemment destinés à un petit cercle de fans. Ce disque sonne comme sa tentative d’ accéder à une audience plus large, et avec des morceaux aussi accrocheurs et bien construits, il n'y a aucune raison qu'il ne perce pas enfin.

https://baxterdury.bandcamp.com/album/allbarone

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