À peine deux mois après Equus Asinus, le trio montréalais Men I Trust revient avec Equus Caballus, un album de treize titres qui approfondit leur esthétique si reconnaissable : une dream pop cotonneuse, douce mais jamais mièvre, et précise sans jamais devenir froide.
Ici, la musique agit comme une brume légère, vous enveloppe, et vous apaise.
Dès l’ouverture avec "To Ease You", on est saisi par cette alchimie immédiate : la basse est ronde, la guitare effleure, les synthés restent discrets, et surtout, la voix d’Emma Proulx flotte au-dessus de tout ça, comme une confidence qu’on écouterait de près. Pas de rupture ici avec leurs précédents disques, mais une maturité palpable.
L’album déploie ses nuances avec beaucoup de subtilité. "Hard To See" joue sur des guitares fines, presque égrainées, pendant que la basse guide doucement la progression. Un peu plus loin, le titre "Ring Of Past " qu’on vient d’écouter, nous fait groover tout en douceur et avec la chaleur qui les caractérise.
Ce qui frappe, c’est cette capacité du groupe à maintenir une atmosphère cohérente et ceci tout en évitant la monotonie. Chaque piste possède sa petite teinte unique, une variation sur le même sentiment de douce mélancolie.
Les guitares se font un peu plus présentes sur les morceaux"Another Stone" ou "Worn Down", des titres qui laissent respirer, où la réverbération donne l’impression d’être dans une pièce baignée de lumière. C’est peut-être là que le disque prend le plus d’ampleur : quand il conjugue chaleur organique et précision artisanale. D’ailleurs, sur "Carried Away", cette sensation est évidente — un morceau simple, mais qui coule avec une fluidité naturelle.
Emma Proulx, elle aussi, nuance son chant avec encore plus de retenue. Sur "The Better Half", elle frôle le murmure, alors que "In My Years" laisse apparaître une forme de sérénité douce-amère. Ce n’est pas un album de grandes envolées ou de refrains marquants, c’est un disque qui s’installe doucement, qui dévoile ses richesses petit à petit. Une œuvre de patience et de détail, taillée pour les écoutes attentives, seul·e dans un train ou à la lueur d’une fin de journée.
En somme, Equus Caballus est un disque d’artisans minutieux, qui confirme que Men I Trust n’a pas besoin d’en faire trop pour toucher juste. C’est une parenthèse suspendue, un moment de calme qui, mine de rien, fait beaucoup de bien.
Mais pour vous maintenir en haleine, c’est un de leurs morceaux les plus rythmés qu’on vous propose maintenant, soit Billie Toppy.
