Le temps d’un album, Black Loops nous transporte dans un monde où la house se fait tour à tour sensuelle, mélancolique et irrésistiblement dansante. Always Moving, son dernier disque, confirme la signature du producteur berlinois : des grooves charnus, des mélodies qui s’insinuent sous la peau et une atmosphère à mi-chemin entre la chaleur analogique et les nuits sans fin des clubs underground. Ici, pas de rupture brutale avec ses précédents travaux, mais une évolution subtile, comme un artiste qui affine son coup de pinceau sans renier ce qui a fait son identité.
Au fil des morceaux, Black Loops propose quelques collaborations. Marlena Dae est une invitée récurrente, qui insuffle une sensualité aérienne sur le titre Electrical qu’on vient d’écouter, mais aussi Experience ou encore LSD, où sa voix s’entrelace parfaitement avec les textures deep house du producteur. Sur Pleasure Ride, c’est Harvey Sutherland qui s’invite pour une balade électro-funk classieuse, boostée par des synthés analogiques et une basse au groove impeccable. Chaque morceau semble raconter une facette différente d’un voyage intérieur, entre clubs enfumés, levers de soleil et introspections nocturnes.
Ce qui distingue particulièrement l’album Always Moving, c’est la maîtrise de Black Loops dans l’art du détail.
Les textures sonores sont travaillées avec minutie : samples de voix filtrés, accords de claviers Rhodes cotonneux, nappes synthétiques délicates et breaks savamment dosés enrichissent un spectre sonore généreux. Les morceaux Time Space Matter ou Intercourse prouvent cette capacité à équilibrer efficacité dancefloor et finesse mélodique. Et si le titre Slow Jamz ralentit le tempo pour mieux séduire, c’est l’émouvant Good Bye Berlin qui ferme l’album avec une élégance rare, comme une carte postale sonore adressée à la ville qui a tant influencé Riccardo Paffetti.
Always Moving pourrait aisément animer les dancefloors les plus fiévreux, mais il se révèle tout aussi captivant à l’écoute solitaire, au petit matin ou entre deux trains. Peut-être manque-t-il un titre immédiatement iconique, qui marquerait les esprits dès la première écoute, mais c’est aussi ce qui fait la force de l’album : il se découvre progressivement, se dévoile avec patience, et c’est dans cette subtilité que réside son charme.
https://blackloops.bandcamp.com/album/always-moving