Si vous connaissez déja Young Fathers vous seriez en droit de vous demander ce qu'un album de "retour aux fondamentaux" peut bien signifier pour un groupe qui a fait l’impasse sur les bases dès leurs débuts. Heureusement, l'éclectisme débridé qui définit le trio est toujours en forme et toute impression de retour en arrière est tout à fait relative. L’album Heavy Heavy est rarement facile à écouter, mais il n'en est pas moins tout à fait captivant.

Le morceau Shoot Me Down par exemple est rempli de samples bancals et d'un rythme Two step, tandis qu'Ululation nous offre exactement ce qui est annoncé dans le titre, mais assorti d’un genre de guitare indie-pop estivale qui n'a de sens que dans le monde de Young Fathers. Et de l’autre côté du spectre, le morceau Tell Somebody présente le genre de déluge orchestral qui est normalement loin de la marque de fabrique du groupe, mais qui prouve encore une fois qu’il ne faut pas rester sur ses acquis avec ces écossais.

Et on comprend aisément pourquoi le single sorti en juillet dernier, Geronimo qu’on vient d’écouter, est sorti il y a si longtemps - c'est exactement le genre de musique brumeuse et estivale qui prend son sens au milieu d'un ciel lumineux infini, et qui atteint une note presque spirituelle un peu à la façon de Spiritualized. Le single plus récent intitulé I Saw est une engeance totalement différente, mais qui se repaît de la claustrophobie hargneuse que le groupe sait si bien illustrer musicalement.

Quelques titres plus tard, Sink or Swim et Holy Moly, ressemblent à des morceaux plus " typiques " de Young Fathers, même si cette définition est encore vague, je le concède. On y trouve des poésies parlées enragées (parfois des paroles, parfois des cris) et un rythme galopant qui ne semble jamais à plus de quelques secondes de l'explosion ou de l'effondrement. Le dernier titre, Be My Lady, passe en une fraction de seconde de l’indus au R'n'B, avant de se jeter dans des échos de salle de bain pour de derniers instants cacophoniques.

Young Fathers pourrait être un groupe proposant une sorte de " déclaration sur l'état de la nation ", mais leurs paroles sont bien trop cryptiques pour cela. Leurs arrangements sont pleins de mélodies lumineuses qui peuvent se transformer en un clin d'œil en lo-fi rugueux ou rythmes calypso. Un sentiment de malaise est omniprésent, souligné par les faibles sirènes qui réapparaissent par moments au long de l'album et qui finissent par surgir en surplomb du mix sur le dernier morceau. Mais le chaos reste contrôlé chez Young Fathers et une fois l’album terminé, reste l’impression d’un groupe qui a su se créer sa part d’inouï dans un océan déjà entendu.

https://youngfathersofficial.bandcamp.com/album/heavy-heavy

Documentaire

Dernière émission

Nouveautés

Playlists du mois