Après la sortie de l’album Love What Survives en 2017, les deux membres du duo britannique Mount Kimbie se sont lancés sur des chemins différents. Dom Maker s'est installé à Los Angeles et a travaillé avec son ami et collaborateur de longue date James Blake sur plusieurs projets plus mainstream, notamment des sessions avec Jay-Z, Travis Scott et SZA.
Pendant ce temps, Kai Campos a compilé leur mix DJ-Kicks très techno de 2018 et a fait une tournée avec Actress, tout en assurant des DJ sets dans de nombreux festivals et de clubs prestigieux tels que Fabric. Leur nouvel album MK 3.5 : Die Cuts | City Planning qui sort cette semaine se présente alors comme un double album solo partagé entre chaque membre, mettant en valeur leurs approches et idées mûries chacun de leur côté, un peu comme l’avaient fait les rappeurs d’Outkast avant eux avec Speakerboxxx/The Love Below.

La moitié de l’album proposée par Dom Maker se révèle comme un disque de pop électro R’nB experimentale, avec une grande variété de chanteurs, de rappeurs et d'instrumentistes invités. Et ainsi en convoquant des artistes comme Sampha, Duval Timothy ou encore James Blake, les morceaux se partagent entre complaintes fracturées et douces-amères et fragments électroniques de rap anxieux.

Sur le morceau "in your eyes", très morose, le rappeur anglais Slowthai semble plus affecté et saoûlé que d'habitude, tandis que les couplets offerts par Danny Brown passent de déclarations conscientes à d’autres plus désinvoltes d’une ligne à l’autre.

Le morceau "if and when" du rappeur New Yorkais Wiki et l'autre morceau de Slowthai, "kissing", proposent des réflexions plus vulnérables sur les relations et les luttes personnelles. Alors que les morceaux de l’australienne Kučka et de l’américain Choker sont des chansons pop légères et sombres, et que "somehow she's still here" de James Blake est une ballade atmosphérique au piano, la plupart des autres morceaux brouillent les pistes entre hip-hop lo-fi et néo-soul au tempo lent.

L'un des morceaux les plus marquants, "say that" en featuring avec Nomi, passe du R’n’B électronique à un magnifique downtempo, avant de ralentir encore jusqu'à la fin. KeiyaA et Liv.e, deux artistes de R&B expérimental qui ont sorti des premiers albums remarquables en 2020, concluent cette première partie de l’album intitulée Die Cuts avec les morceaux "tender hearts meet the sky" et "a deities encore", qui illustrent tous deux l'atmosphère troublée mais aussi pleine d'espoir du disque.

L’autre moitié de disque proposée par Kai Campos, City Planning, est de son côté un ensemble d'instrumentaux abstraits, avec des instrumentaux dérivant entre une techno bruyante à la Actress et une électro hélicoidale à la Drexciyan.

Les morceaux les plus rythmés ont tendance à se composer de beats rapides et réguliers et d'effets tourbillonnants et vous faisant littéralement léviter, avec notamment le morceau "Transit Map (Flattened)" centré sur une séquence de piano sombre et inquiétante. Les titres évoquent des ensembles détaillés de réseaux et de coordonnées, mais leur musique est en fait beaucoup plus spontanée et plus légère que les morceaux industriels cliniques auxquels on pourrait s'attendre.

À l'exception de "Zone 1 (24 Hours)" et ses 5 minutes et quelques, les sélections sont généralement brèves et concises, et les plus courtes ressemblent parfois à des esquisses qui auraient pu être développées davantage. Pourtant, le côté techno de Mount Kimbie est tout aussi créatif que son côté pop/R&B/hip-hop, et les deux moitiés de l’album MK 3.5 contiennent plusieurs joyaux qu’on est ravis de se voir servis dans un même ensemble, si disparate soit-il.

https://mountkimbie.bandcamp.com/album/mk-35-die-cuts-city-planning

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