Alessio Natalizia fait partie des artistes italiens qui ont réussi à percer sur la scène électronique mondiale, et si ce nom ne vous dit rien, vous le connaissez sans doute mieux sous le pseudonyme de Not Waving. Mais il s'est aussi fait remarquer auparavant, entre autres projets solos et collectifs, comme moitié du duo électronique Walls signé sur le label Kompakt, et comme fondateur du label Ecstatic Recordings, basé à Londres.

Et si on devait trouver un lien entre les productions de Not Waving et la liste variée d'artistes qui sont apparus sur son label Ecstatic, il faudrait sans doute aller chercher  du côté d”un certain esprit punk. Pas le punk en tant que genre en tant qu'attitude, n’en faire qu’à sa tête au mépris des conventions. Not Waving est un artiste capable de combiner la physicalité de la techno, l'évasion du synthétiseur et son côté épique et les balades EBM, ce style qui mélange la musique post-industrielle et la synthpunk.  Alors que le catalogue d'Ecstatic passe de l'ambient le plus éthéré aux expérimentations électroniques les plus cérébrales, d'épisodes pensés pour le dancefloor à d'autres qui trouvent leur pleine réalisation dans le recueillement d’une écoute privée et individuelle, il ne semble pas y avoir ici de place pour les contraintes. 

Ce dernier album, How To Leave Your Body, est un point de continuité et de rupture avec les productions les plus récentes.

On retrouve le côté moins club, empreint de la même solennité et des mêmes ouvertures environnementales de la création sonore Futuro pour le Waldorf Project, une pièce de théâtre et d’art de l’artiste performer Sean Rogg , et de ses albums avec les producteurs Jay Glass Dubs et Romance. Et on retrouve également  avec ce nouvel album un artiste qui travaille en synergie avec des collaborateurs de renom puisqu’on retrouve ici une dream team composée de Marie Davidson, Spivak, Jonnine Standish, Mark Lanegan et Jim O'Rourke.

Mais le pas en avant, ou plutôt le pas de côté, est d'avoir sorti l'album le plus "pop" de la discographie de Not Waving. 

Par rapport à son prédécesseur, tant au niveau de la longueur des morceaux que de leur contenu, How To Leave Your Body sonne plus léger. Ses treize pistes coulent sans friction, qu'elles durent deux ou cinq minutes. Hélas, il y a quelques épisodes qui ne sont pas tout à fait convaincants comme le morceau Define Normal qui s'oppose à l'ambiance générale de l'album, ou le titre Resentment qui peut apparaître dispensable, mais dans l'ensemble, c'est une écoute qui coule sans heurts le long de ses 40 minutes.

L'habileté de Not Waving réside dans la création d'une atmosphère cohérente, au nom d'une retraite intimiste et mélancolique d'un artiste qui semble sincère en esquissant des moments d'impasse existentielle comme sur When You're Quiet, des sentiments doux-amers sur le morceau d’ouverture quasi-post-rock qui s’intitule 99, les synthés évocateurs de You're Always Younger Than The Future, ou l'alternance de tension de Self Portrait et de relâchement sur My Best Is Good Enough. Mais le meilleur vient des collaborations, notamment du trio féminin Davidson-Spivak-Standish. D’abord avec morceau phare Hold On qui fonctionne comme une carte postale audiovisuelle de l'adolescence, une histoire d'évasion, d'amitié, de liberté et d'amour racontée par le spoken word de Marie Davidson greffé sur une base de néo transe discrète.

Cette sorte de journal intime qu'est How To Leave Your Body se referme sous la bannière d'une acceptation retrouvée de soi face aux coups que nous réserve la vie. C'est du moins ce que suggère le titre éloquent My Best Is Good Enough, embelli par Jim O'Rourke. Un drone ambiant hétéro, berceau et accomplissement de ce que le titre de l'album prévoit : pendant six minutes et six secondes, le duo formé par Alessandro Natalizia et Jim O'Rourke parvient à nous transporter ailleurs et à nous soulager du poids et des contraintes du corps.

https://notwavingmusic.bandcamp.com/album/how-to-leave-your-body

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