Il est amusant de constater qu'on ne parle de l'Islande qu'à deux occasions bien spécifiques: lors des éruptions volcaniques aux noms imprononçables, et lors des sorties d'album de Sigur Ros - je pourrais également citer Björk mais en fait, on a un peu oublié qu'elle est islandaise. La deuxième chose qui interpelle dans ce pays, c'est qu'il ne laisse pas de place aux sentiments mitijés: on aime ou on n'aime pas les paysages grandioses, les gens tout nus dans les sources chaudes, Sigur Ros

 

On est cependant contraint de saluer l'originalité et la recherche artistique systématique de ce groupe résolument atypique. Pour commencer ils chantent dans une langue que peu de personnes comprennent, jusque là rien de bien grave, chanter en yaourt demeure funky. Leur style se rapproche plus de celui de Steve Reich que de tout autre formation rock ou post-Rock existante. 

 

On est à la fois systématiquement conforté dans l'idée qu'on se faisait de ce groupe et pour autant tout aussi surpris à chaque nouvel opus. A croire que leurs ressources oniriques sont inépuisables. Leur univers planant, intemporel et aérien ne prend pas une ride, ou peut-être étaient-ils déjà vieux avant l'âge. 

 

On est alors propulsés dans une version verdoyante de 2001 l'Odyssée de l'espace avec Arvo Pärt en maire charismatique de la ville. Empreint d'élévations cosmiques, et d'accointances avec les chants sacrés, VALTARI est aussi apaisant que le chant des baleines Volume 6.  

 

L'utilisation des cordes est toujours très délicate, renforcée par l'inénarrable voix de fausset du chanteur. En trois accords les islandais ancrent leurs unités de lieux, de temps et de personnages : un néo-canonisme impeccable, reflet de leurs racines classiques. 

 

La simplicité de leur architecture musicale n'a d'égale que la richesse de leurs ambiances, quelque chose de foisonant ,de mystérieux, d'impalpable. 

 

La force de Sigur Ros c'est de ne ressembler à aucun autre et d'en influencer beaucoup. D'autre part, ils parviennent à créer un objet artistique complet, puisque cette fois-ci la  mise en image de leur album a été réalisé par une 12aine de réalisateurs, dont John Cameron Mitchell, qui n'est autre que le génial narrateur de Shortbus et Hedwig and the Angry Inch. La rencontre de deux visions antithétiques du monde, une assexuée quasi sacrée contée par Sigur Ros, et une hyper-sexuée et paumée incarnée par Mitchell. 

 

En résumé si on aimait déjà, on aimera, si on n’aimait pas; et bien on n'aimera pas plus; n'est-ce pas là une illustration idéale de l'inamovibilité islandaise ?

 

www.sigur-ros.co.uk

 

 

Tracklist de Valtari
01. Ég Anda
02. Ekki Múkk
03. Varúð
04. Rembihnútur
05. Dauðalogn
06. Varðeldur
07. Valtari 

 

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