L'album In Daytona Yellow marque un retour audacieux et vulnérable pour le producteur britannique Leon Vynehall. Ce troisième LP ajoute une complexité sonore profonde à la discographie du britannique, suivant les traces de son album Rare, Forever de 2021 dans ses paysages sonores riches et atmosphériques. Quatre ans après avoir affirmé sur ce précédent opus qu'il n'aurait rien fait différemment et qu'il assumait pleinement ses défauts, l'artiste dévoile désormais ses failles, acceptant la fragilité inhérente à notre condition
Le morceau d'ouverture "Life Is Not Enough" accueille les auditeurs dans l'expérience immersive de l'album. Comme les installations "master of light" de l’artiste James Turrell qui a inspiré le titre, nous sommes d'abord plongés dans un suspense obscur, dans l’expectative du moment où l'œuvre se révélera. Le titre déploie son architecture sonore stratifiée, nous attirant vers les étapes suivantes du paysage audio complexe imaginé par Leon Vynehall.
Les voix live constituent un axe central tout au long de ces dix morceaux.
L'album In Daytona Yellow oscille entre les introspections personnelles de Leon Vynehall, dévoilant les côtés inexplorés de son art, avec sa propre voix au premier plan, et des collaborations avec TYSON, Kenzie TTH, Beau Nox et Jeshi. C'est un virage artistique majeur pour l'artiste, qui s'aventure dans l'avant-pop et le R&B tout en développant ses propres capacités de chanteur-compositeur.
Des moments calmes et personnels d'introspection douce-amère, comme sur "A Jagged Promise" et "Slow Devotion", côtoient des titres qui projettent Leon Vynehall sur le dancefloor, comme le séduisant "Mirror's Edge" avec POiSON ANNA, porté par une boucle synthétique envoûtante et la voix hypnotique de la chanteuse.
On perçoit un malaise palpable dans l'équilibre de ces sons, ces voix et ces genres juxtaposés et fracturés. Par moments, on ressent la douleur et la confusion de Leon Vynehall qui, plongées dans une nouvelle profondeur, deviennent plus intenses, une anxiété qui culmine en moments orchestraux saisissants sur "Life Is Not Enough" et "You Strange Precious Thing" en collaboration avec le groupe Chartreuse. Sorti de sa zone de confort habituelle, celle dans laquelle il s'est bâti une solide réputation en tant que DJ et producteur, Leon Vynehall trouve à présebt l'espace nécessaire pour expérimenter librement.
Comme l'a déclaré l'artiste : "Il s'agit du rejet de la perfection et de l'adoption de la vulnérabilité. Je voulais me libérer de cette pression, dire au revoir à une ancienne version de moi-même et avancer." À travers l'album In Daytona Yellow, nous assistons à la métamorphose spirituelle et musicale de Leon Vynehall. Le titre de clôture nommé de façon très à propos "New Skin / Old Body" clôt ce voyage, témoignant d'un producteur qui se réconcilie avec un profond sentiment de perte, la mort de l'ego et un détachement de tout ce qu'il a connu. Leon Vynehall se réinvente ainsi, transformé par cette introspection radicale.
https://leonvynehall.bandcamp.com/album/in-daytona-yellow