Après avoir célébré trois décennies de carrière avec l’album 30 Something en 2022, Orbital sort ce mois-ci son dixième album studio, intitulé Optical Delusion. Le duo a émergé en tant que pionniers de la culture rave à la fin des années 80, et a toujours produit une musique électronique dansante possédant cependant une conscience sociale et un certain souci pour l'environnement.

C’est comme ça qu’on a pu les voir sortir un morceau silencieux en réaction au projet de loi sur la justice pénale anti-rave de 1994 en Angleterre, et ils ont enregistré "The Girl with the Sun in Her Head" en 1996 en utilisant un générateur d'énergie solaire mobile qui appartenait à Greenpeace.

L’album Monsters Exist de 2018 abordait la corruption des dirigeants politiques du monde mais sans citer de noms, et exhortait les auditeurs à considérer l'état du monde et à embrasser le progrès.

Les visuels de la tournée live de l'album insistaient sur ces sujets hautement sociétaux, mais les concerts étaient clairement conçus comme des raves et non comme des rassemblements politiques, et leurs nouveaux morceaux s'intégraient parfaitement aux versions actualisées des classiques du duo.

Optical Delusion est l'album post-pandémie d'Orbital, et il illustre la panique ressentie alors qu’on assiste à l'effondrement du monde, tout en restant reconnaissants d'être encore en vie et de participer à faire danser les gens et de remettre de la vie dans un monde dominé par la mort.

La plupart des titres de l'album sont interprétés par des chanteurs invités et cela permet aux préoccupations d'Orbital de s'exprimer encore plus clairement.

Sur le morceau de dance-pop "Are You Alive", Lily Wolter de Penelope Isles résiste d’un air de défi à l'emprise du capitalisme, puis libère l’espace sonore lorsque les synthés éclaboussent des rythmes enlevés et prennent le dessus pendant la seconde moitié du morceau.

Ensuite c’est le chanteur de Sleaford Mods Jason Williamson qui rend directement les masses responsables du bordel ambiant lorsqu’elles continuent à élire des politiciens véreux, le tout sur une ligne de basse punk grondante et les gros  kicks du morceau "Dirty Rat". La chorale féminine Medieval Bæbes propose un featuring  sur le titre d’ouverture "Ringa Ringa (The Old Pandemic Folk Song)", rappelant aux auditeurs qu'une innocente comptine est associée depuis longtemps à la peste noire. Puis le chant quasi lyrique de Dina Ipavic s'envole sur le sublime et planant “Day One", tandis qu'Anna B Savage offre une narration plus introspective sur les rythmes house traînants du titre "Home".

Les deux morceaux instrumentaux sont aussi remarquables, avec "The New Abnormal", et son breakbeat exubérant, tandis que "Requiem for the Pre Apocalypse" est un morceau de drum'n'bass qui révèle progressivement une lumière radieuse à travers une obscurité oppressante. Même dans ses moments les plus dystopiques, Orbital ne perd jamais son enthousiasme pour l'exploration de nouvelles sonorités, et leur nouvel album Optical Delusion ne sombre pas dans le cynisme ou la nostalgie et reste très frais à écouter.

https://orbitalofficial.bandcamp.com/album/optical-delusion

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