Stephen Wilkinson, de Bibio, aime changer de cadence d'un album à l'autre, et fort heureusement il a un certain don en la matière. Après la beauté acoustique et pastorale de l’album Ribbons et de son EP Sleep on the Wing, il nous fait la démonstration sur ce nouvel album Bib10 de son talent à créer des univers sonores à travers la production et l'écriture de chansons pop, rock et R&B des années 70 et 80. Alors que ce concept pourrait donner lieu à des resucées un peu tarte à la crème de ces genres, le dixième album de Bibio, qui porte bien son nom, est bien heureusement tout sauf cela.

À l'image de la pochette qui associe une guitare électrique vintage à des draps en satin, les morceaux et les interludes de Bib10 sont souples, élégants et enracinés dans l'amour de Stephen Wilkinson pour l’instrument à six cordes.

Parfois, le rôle de la guitare est évident : "Sharratt" lustre les figures vives et complexes qui définissent sa musique depuis ses débuts sur Mush Records pour les faire briller. Ailleurs, la guitare joue un rôle de soutien, comme sur "Potion", où dominent plutôt les vocodeurs et les synthétiseurs, qui rappellent la sensibilité de M83 ou Breakbot pour les ambiances nostalgiques, mais aussi son propre album A Mineral Love.

Ce n'est donc pas un hasard si Bibio a encore une fois fait appel à Olivier St. Louis, le chanteur qu’on trouvait sur cet album "A Mineral Love", pour le morceau phare "S.O.L." qu’on vient d’écouter, un morceau de disco à la rythmique croustillante, avec des synthés et des guitares qui se bousculent, une basse toute en hammer-on et pull off et des chœurs hauts perchés sans une once d’ironie.

Bien qu'aucun des albums de Bibio ne sonne tout à fait pareil, les dénominateurs communs au sein de son œuvre finissent par apparaître évidents.

En plus de ses liens avec le R&B de l’album "A Mineral Love", ce nouvel album Bib10 remet au goût du jour avec le soft rock celtique du morceau "Rain and Shine" le sentiment de lueur de fin d'été qu’on trouvait sur l’album Ambivalence Avenue et transforme les atmosphères rêveuses de sa musique en pop fluide et béate sur "Off Goes the Light". Son penchant pour l'inattendu est également bien représenté avec la touche samba de "Cinnamon Cinematic", tandis que la pedal steel guitar virtuose de "Lost Somewhere" suggère que la musique country pourrait tout à fait être sa nouvelle marotte à venir.

Stephen Wilkinson a construit les sons aventureux de Bib10 non seulement sur une base de guitare, mais aussi sur une solide composition. À l'exception du chef-d'œuvre ambiant Phantom Brickworks, tous les albums que Bibio a sorti sur le label Warp proposaient des chansons pop parfaitement ficelées parmi d'impressionnantes productions. Et cette fois-ci, elles sont majoritaires, notamment avec la pop synthétique de "Even More Excuses" et les confessions acoustiques de "A Sanctimonious Song", qui rendent le regret plus beau qu'il ne devrait être.

Comme les albums classiques de l'époque qui l'ont inspiré, Bib10 est une célébration exquise de la beauté et des possibilités qu’offre la musique de Bibio.

https://bibio.bandcamp.com/album/bib10

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