Le premier album de P.E intitulé Person et sorti en 2020, débordait de cette inspiration qui vient un peu par magie. Il était le résultat d'un concours de circonstances - des membres des groupes Pill et Eaters (d'où : P.E. ) ont formé un nouveau groupe alors qu’aucune des deux formations n’avaient tous leurs membres disponibles pour assurer un concert qu’on leur proposait. L’album Person était donc le produit de la spontanéité et d’une émulation due à l’urgence.

Ses grooves post-punk industriels nés de sessions improvisées et de jams dancepunk, lorsqu'on leur donne la poésie surréaliste hypnotique de la chanteuse Veronica Torres et l'éclat du saxophone de Benjamin Jaffe, transcendent alors l'idée de jam session punk, se transformant en joyaux de pop d'avant-garde.

Sur leur deuxième album "The Leather Lemon", P.E. s'est lancé avec un ensemble d'outils similaires.

Effectivement et avec une approche relativement libre, mais le résultat final est un peu différent de leur précédente expérience. Ils creusent des sillons plus profonds et exploitent des textures plus sombres, se délectant d'une sorte d'ivresse, d'exaltation nocturne.

La premier titre de The Leather Lemon, "Blue Nude (Reclined)", est en quelque sorte une pièce maîtresse. Sa ligne de basse hypnotique ne change que rarement, voire jamais, mais sa pulsation minimaliste fournit une toile texturée sur laquelle le saxophone de Benjamin Jaffe se déchaîne, tandis que la boîte à rythmes claque et que Veronica Torres se lance dans des déclarations ludiques et farfelues comme "French kiss to keep the peace".

Pour mesurer l’hétérogénéité d’ambiances proposée sur l’album, il suffit de comparer le banger industriel post-punk "Contradiction of Wants" et la superbe pièce maîtresse de l'album, l'élégante ballade sophistiquée et pop "Tears in the Rain", avec Andrew Savage de Parquet Courts embrassant une sorte de beauté élégante.

Bien que P.E. se soit voué à présent au groove hypnotique, il y a encore beaucoup de moments sur The Leather Lemon qui témoignent de leurs origines imprévisibles et expérimentales, que ce soit la cacophonie percussive de " New Kind of Zen ", le morceau de piano ambiant " 86ed " ou le minimalisme breakbeat de " Lying With the Wolf ". Dans leurs moments les plus étranges ou les plus propulsifs, il y a une physicalité qui semble suggérer que leur musique est toujours en mouvement.

https://pe2020.bandcamp.com/album/the-leather-lemon

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