A mesure que la musique de Marie Davidson est devenue plus orientée club tout au long des années 2010, elle a passé plus de temps à voyager, baladant son matos dans multiples salles et festivals et multipliant les vols long courriers épuisants.
 
Son album Working Class Woman dont je vous avais parlé dans cette émission nous racontait comment son agenda fourni mettait un coup à sa santé mentale et psychique , par le biais de morceaux de spoken word motivationnel et d’instrumentaux electro puissants et directs.

Et c’était sans doute son oeuvre la plus acclamée par la critique, qui a trouvé sa place dans de nombreux tops de fin d’années et qui a vu la nomination de son hit en puissance “Work It” aux Grammy Awards, grâce à son remix par les frangins belges de Soulwax.

Ayant déja appelé un de ses albums Adieux au Dancefloor, Marie Davidson a annoncé son retrait du monde du clubbing en 2019. Elle a alors formé le trio L’Oeil Nu avec ses fidèles collaborateurs Asaël R. Robitaille ( aka Bataille Solaire ) et Pierre Guineau (son mari et moitié du duo Essaie Pas qu’elle forme avec lui et que nous vous avions fait écouter dans cette émission) afin d’écrire des morceaux pop et électro, influencées par Fleetwood Mac, Billie Holiday, et de bandes originales de films français.

L’album “Renegade Breakdown” ouvre ce premier album du trio avec un morceau très proche des travaux précédents de Marie Davidson.

Et oui comme pour amortir la transition, avec des déclarations spoken word effrontées comme “ There’s no money makers on this record/This time I’m exploring the loser’s point of view” ou encore “The uglier I feel, the better my lyrics get” par dessus des rythmiques disco de film d’épouvante et de basse synthétique slappée.
 
"Worst Comes to Worst" est le morceau le plus disco de l’album, avec des riffs hachés de guitare hard rock et des synthés acid pour habiller les paroles pleines des troubles émotionnels de Marie Davidson.
La folk automnale du morceau “Center of the World (Kotti Blues)”, est l’une des productions les plus sophistiquées de l’album et le sentiment de blues qui émane du jazzy “Just In My Head” prolonge l’évocation de la solitude ressentie en tournée et le désenchantement ressenti à propos de la scène musicale et de l’industrie qui va avec.

Beaucoup de morceaux chantés en français sont aussi notables sur cet album et quelques références amusantes, entre sa compatriote Isabelle Pierre, vous savez, celles qui a deux amis qui sont ses amoureux, ou encore ce surprenant mélange de Lio et Yelle sur le morceau mutin “C’est parceque j’m’en fous.

Le sound design hallucinatoire et cinématique ainsi que les paroles poétiques du morceau “Lead Sister” inspiré de Karen Carpenter sont tout bonnement fascinants et montrent encore une autre facette fort interessante, mais d’autres morceaux comme la ballade acoustique “My Love” et le plus théâtral et morose “Back to Rock” peuvent paraître inutilement longs.

Même si ce nouvel album en trio manque intentionnellement de toute l’énergie club qui habitait les morceaux les plus connus de Marie Davidson, il n’en est pas moins particulièrement ambitieux et exploratoire et montre d’autres talents musicaux de la canadienne, et non des moindres.

https://mariedavidson.bandcamp.com/album/renegade-breakdown

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