En 2017, la colombienne expatriée Lido Pimienta est quasiment sortie de nulle part pour s’emparer du très convoité prix Polaris au Canada avec son très beau deuxième album, La Papessa. 

Sa musique séduisante est inspirée par des tendances de cumbia, de porro de synth pop et d’arrangements electro-orchestraux qui s’hybrident avec des sonorités de ses héritages indigènes Wayuu et afro-colombiens.

A présent signée sur la label Anti-, Pimienta passe encore un nouveau palier avec l’album Miss Colombia, son troisième album. 

Il a été enregistré entre son home studio à Toronto et un village reculé en Colombie avec l’aide de son co-producteur Prince Nifty, et son titre toute en ironie lui a été inspiré par la gaffe du présentateur Steve Harvey lors de la soirée Miss Univers, lorsqu’il avait annoncé à tord la victoire de Miss Colombie avant de se reprendre quelques minutes plus tard. 

L’album est donc selon Lido pimienta, une lettre d’amour un peu cynique à la Colombie, avec une Miss Colombie protéiforme qui redéfinit les standards des reines de beauté en une artiste intellectuelle et provocatrice, combattant le racisme, l’inégalité indigène, évoquant l’amour et la perte. 

L’album débute et se clôt sur deux titres quasiment a cappella, “Para Transcriber SOL” et son opposé “Para Transcriber LUNA”, aidant à donner une cohésion à la diversité de morceaux qu’ils encadrent. 

On entamera ensuite le voyage avec les rythmes Cumbia rencontrant la synth pop Céleste du morceau “Eso Que Tu Haces” avec les envolées de voix de Lido Pimienta qui planent par dessus des clarinettes et bassons percussifs. D’autres bois et cuivres plus aériens se télescopent ensuite sur le féérique “Coming Thru” tandis que des steel drums donne une influence caribéenne au titre “Te Queria”. 

Arrivé à la moitié de l’album, on entame alors un détour sonique et géographique vers le village colombien de San Basilio de Palenque, ! connu historiquement pour son héritage en tant que refuge pour les esclaves africains affranchis des espagnols. Lido Pimienta s’entoure alors d’une célèbre formation de percussions Sexteto Tabalá dont le leader Rafael Cassiani, contribue par un spoken word qui introduit leur collaboration exclusivement acoustique sur le titre “Quiero Que Me Salves”, qu’on croirait capté comme un field recording documentaire. 

Puis Lido Pimienta revient jouer avec davantage d’influences latines, Afropop et reggaeton sur un morceau plus enlevé “Resisto y Ya” avant de s’effacer avec son chant à couper le souffle sur “Para Transcriber Luna”. 

Il y a beaucoup à explorer dans ce nouvel album Miss Colombia de Lido Pimienta et ses 11 morceaux où tradition et contemporanéité sont associées avec beaucoup de soin et goût, ce qui est parfois une gageure avec les musiques actuelles les plus populaires d’Amérique du Sud.

https://lidopimienta.bandcamp.com/album/miss-colombia

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