Depuis leurs premiers singles, Justice s’amuse à déjouer les attentes, et c’est toujours le cas avec leur nouvel album Hyperdrama. Étant donné que huit ans séparent cet album de son prédécesseur, intitulé Woman, il était tentant de penser que Gaspard Augé et Xavier de Rosnay reviennent à leurs premiers amours pour le dancefloor, mais sur Hyperdrama, c'est vraiment l'atmosphère qui prend le dessus.

Le duo a enregistré son album dans le home studio de Xavier de Rosnay, et il sonne souvent comme de la musique électronique à écouter chez soi la nuit. Ainsi sur le titre « Dear Alan » par exemple, des craquements semblables à ceux d'un vinyle imprègnent des nuages de synthétiseurs et de basses complexes.

À d'autres moments, l'album semble étrangement distant, comme si la musique provenait d'un club situé à quelques rues de là, comme sur le bien nommé « Afterimage », où les jolies voix de RIMON rehaussent l'atmosphère générale du morceau.

Parfois, l’atmosphère floue de l’album joue en sa faveur et ça permet à Tame Impala d’apporter assez de présence à « Neverender » et « One Night/All Night » afin de donner de l'élan à leurs grooves brumeux.

Cependant, lorsqu’on entend Miguel chanter avec une grande clarté sur la new jack du titre « Saturnine » et que Thundercat sublime la disco-funk lunatique de « The End », il est indéniable que le niveau d'énergie de l'album est exponentiel. De même, les riffs de synthétiseurs, les textures hachées et les rythmes de « Generator » montrent que Justice peut revigorer son style sans s'appuyer sur des constructions et des ruptures trop longues.

Il y a donc des collaborations de premier choix, de nombreuses sonorités amusantes, comme les vocaux entêtants de « Incognito » ou la mélodie sinueuse qui donne à « Explorer » une ambiance de train fantôme en pleine discothèque abandonnée, mais en fin de compte, Hyperdrama n'est ni assez accrocheur pour rendre justice, c’est le cas de le dire, aux qualités pop du duo, ni assez audacieux pour mettre en valeur les compétences expérimentales de Gaspard Augé et Xavier de Rosnay. Le fait qu'il ne fasse pas si grande impression par rapport à la discographie passée de Justice est peut-être ce qu'il y a de plus inattendu à son sujet.

https://etjusticepourtous.bandcamp.com/album/hyperdrama

 

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