Avec son nouvel album au titre à rallonge Praise a Lord Who Chews But Which Does Not Consume ; (Or Simply, Hot Between Worlds), Yves Tumor prouve encore une fois qu’iel n’est pas artiste à faire deux fois la même chose.

C’est un troisième album pour le label Warp, qui réemploie l'énergie fulgurante qu’iel avait déployé sur son album Heaven to a Tortured Mind dans des morceaux plus concis cette fois  qui explorent la sensualité et la spiritualité et subvertissent avec une grande assurance la pop, le rock, le noise, l'électronique et le R&B. Une certaine urgence transparaît alors sur le premier titre "God Is a Circle", qui transforme des cris et des halètements en un rythme trépidant surmonté de synthés stridents et d'une basse grunge.

Alors qu’Yves Tumor y explore le doute de soi, le morceau se déchire en son sein, transformant les tendances psychédéliques de sa musique en un hallucinant kaléidoscope.Ici et tout au long de l'album, iel utilise des textures abrasives et luxuriantes dans sa recherche sonore.

Sa musique l’aide également à aborder des questions qui lui apparaissent existentielles.

Le chant de chorale et le solo de guitare héroïque du titre"Parody" dénonce l'artificialité de la célébrité, qu’Yves Tumor remet en question. Et ainsi son talent à trouver des mélodies et des accroches est tout aussi important pour le succès de l'album que ses questionnements bien sentis. Souvent, iel donne l'impression qu'il est facile d'explorer la foi et l'amour dans des morceaux bien écrits qui ne sacrifient pas la complexité à l'immédiateté. Avec ses chants de pom-pom girls et ses réflexions profondes sur la croyance, le post-punk pop et hip-hop du titre "Operator" est aussi accrocheur qu’il est d’une complexité à élucider.

De la même façon, les titres comme "In Spite of War", teinté de punk grand public, et "Echolalia", qui ondule, parviennent à distiller la musique d’Yves Tumor jusqu'à son incarnation la plus mainstream, tout en conservant le mystère qui fait son essence. Bien que la compacité de ces morceaux donne à ce nouvel album un flux plus cohérent que le précédent, Yves Tumor revisite le maximalisme de cet album à certains moments clés, avec des résultats tout à fait frappants.

Sur "Ebony Eye" par exemple, des cordes et des cuivres majestueux mènent l'album à sa conclusion triomphale. À la fois stimulant et engageant, ce nouvel album Praise a Lord Who Chews But Which Does Not Consume est une nouvelle œuvre éblouissante d'une tornade créative. Yves Tumor ne trouvera peut-être jamais les réponses qu'il cherche, mais entendre leur quête est en soi tout à fait exaltant et inspirant.

https://yves-tumor.ffm.to/palhc

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