Qu’est ce que les Canadiens ont de plus que nous? Je dirais une certaine conception du style ! En tout cas ce mercredi 2 Octobre au Trabendo  ils n’ont pas oublié de retirer leurs moufles pour jouer.

La première partie les tout jeunes Moon King composés de Daniel Benjamin au chant et au Pad et Maddy Wilde au chant et à la guitare accompagnés d’un batteur proposent une mise en jambe des plus atomisée. Ils sont sympathiques, bruyants et plutôt bien entourés puisqu’ils côtoient notamment Austra et Grimes, rien que ça ! Dans un style Noisi postPunk au penchant fusion 80's, le duo donne de la voix et déploie un univers sonore singulier et riche. Lorsqu’on écoute Appel le titre phare de leur EP Obsession II (qui succède à l’EP ObsessionI), on fait deux tours dans notre leggings. Ils ont répété plusieurs fois durant le concert que cette date était la dernière d'une intense tournée américaine avec le groupe qui suivra avec un pincement dans la voix et une nostalgie toute juvénile.

Justement, le groupe qui suit ce sont les Born Ruffians, trop méconnu ou alors carrément boudé par certains qui les relayent au rang de groupe pop pour teenagers attardés. Leur arrivée sur scène ne manque pas de grandiloquence, à la manière des I'm From Barcelona sur ce qui semblait être un titre de Barbra Streisand (rien n'est moins sûr, mais c'était sympa).  Un début tonitruant de communion avec un public qui demande à voir et à entendre.

 La première chose que je remarque c'est le changement de batteur, l'ours hardrockeur historique a été troqué par un blondinet à lunettes de geek qui soutiendra la folle cadence rythmique qui fait de Born Ruffians un groupe pop d'exception. Ajouter à cela l'ingrédient magique :  Luke Lalonde, qui a certainement du effectuer des stage de Yodel dans les alpes suisse afin de parvenir à une telle gymnastique vocale.

Venus présentés leur troisième album Birthmark, les canadiens nous avaient vraiment manqués depuis tout ce temps. Mais en quelques minutes, tout ressurgit, on se prend de plein fouet  la voix incroyablement malléable du chanteur, le conte-temps systématique mais jamais attendu des titres Hummingbird ou Hedonistic Me. Enfin les cris en échos qui font de Born Ruffians un grand chant de joie collectif dès le premier titre Kurt Vonnegut.

A peine débarqués sur scène les quatre membres dépareillés viennent chercher le public du Trabendo en tapant des mains, comme pour dire «  faites nous confiance, on va passer un bon moment » et ce fut réellement le cas.  Mais tout ne se passera pas comme prévu, les deux premiers morceaux sont entravés par des problèmes techniques, qui ne les empêcheront pas de continuer coute que coute ; show must go on.

Car c'est là que réside toute la force de ce groupe une envie de partager une vision enjolivée des choses. Il y a dans la voix de Luke Lalonde comme un optimisme sans faille, sautillant et communicatif. La boite à rythme que sont le batteur et le bassiste impeccable suit frénétiquement le fou chantant des hautes plaines de titres en tubes. Une variation autour de leurs trois opus gratifiant l’assemblée des très attendus hit de Red, Yellow blue, Say it et du dernier album Birthmark, qu’on croit déjà connaître par cœur. Cependant le ton de ce dernier est  clairement différent, résolument moins folk, moins enfantin ou moins amusé, laissant moins de latitude à Lalonde d’explorer ses incroyables capacités vocales. Mais le souci du refrain redoutable est toujours respecté comme sur Needle ou encore  6-5000. Le son est plus large, moins alambiqué et respire la maturité.  Ils finissent la plupart du temps précautionneusement les morceaux, à pas de loup sur une demie-corde de guitare et un souffle de chant.  Histoire de démontrer qu’ils ne sont plus tout à fait les mêmes, Lalonde portera une large casquette de Red neck sur les trois quart du concert, mais les surprises ne s’arrêtent pas là comme la version plutôt rockab du merveilleux «I Need a Life» .

 Trois petits tours et puis s’en vont, le concert durera à peine plus d'une heure, avec un seul titre en rappel, que c’est cruel ! Mais ils se seront bien dépensés, et nous aussi; c'est peut-être là que réside tout le style canadien. L’appel de la Forêt et les grandes étendues ne sont jamais bien loin lorsqu’on sait où regarder.

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