Au début, ce sont: un rythme de cowbell, une ouverture de guitare sombre, puis cette ligne de synthé spatiale parfaitement mêlée sur une note de basse lointaine et si proche. Des bribes d'une voix bouclée. Une avançée lente dans un univers paradisiaque, plein de couleurs, la félicité mise en son. C'est l'ouverture de Bad Insect et l'on pense instantanément à Thom Yorke.

De fait il s'agit là d'un de ses comparses les plus importants, à savoir le propre producteur de Radiohead et de The Eraser, l'omnipotent Nigel Godrich. Tête pensante du projet Ultraista pour lequel il s'est adjoint les services d'un vieil ami, le batteur mercenaire Joey Waronker, et de l'artiste solo Laura Bettinson. Il n'y a pas de secrets, la science des machines et de la production de Godrich sont à l'oeuvre d'emblée et tout au long de cet album d'electropop vicié.

Tout à une place propre, et s'emmêle pourtant, enchevêtrement de textures granulaires, d'une voix à demi-humaine, d'échos caverneux et de basses organiques. La sensation qu'un corps physique, le nôtre, pénètre dans des sphères imagées, trop irréelles pour être honnêtes.

La plus grande réussite de cet album et de lier si intimement le palpable et le rêve. Les structures rythmiques seront complexes, douées d'une intelligence perverse, en contrepoint de nappes électroniques et vocales plus simples. Le principal problême avec les musiques d'une facture si évidemment pointue au niveau de la production est que l'émotion peut parfois en pâtir.

Elle est généralement la mission des voix, et si les choix mélodiques de Laura Bettinson sont irréprochables, rappelant forcément ceux de Thom Yorke, ils semblent parfois par trop directs, manquant de nuances et de capacité à se mouvoir. Impression qui s'échappe dès que la voix est procéssée, comme sur Strange Formula (morceau remixé par David Lynch) et son écho à contretemps.

C'est bien une étrange formule trouvée par le trio, usée jusqu'à la moëlle le temps d'un album qui refuse de quitter cette trajectoire du terrestre vers l'espace, et c'est bien le temps qu'il nous faut pour s'en accaparer le voyage. La démarche aurait d'autant plus de sens si elle devait en rester là.

En attendant le retour de Godrich, Barjavel de la musique (pas si)indépendante, épris de sciences exactes et de romantisme, sur le projet Atoms For Peace.

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