Entre St-Vincent, Feist, Bjork et Pj Harvey, on est bien content qu'une nouvelle voix maîtresse vienne à son tour faire partager sa vision de la musique d'aujourd'hui, quand ces messieurs semblent un tantinet coincés dans celle d'hier. Le constat est sexuellement injuste, pourtant, car tous se battent pour s'extirper des gloires passés, les femmes le faisant il me semble avec plus de malice et de justesse.

 
Le premier album solo de l'inoubliable voix des intermittents Fiery Furnaces est carré comme un flycase. On y ressent, plus encore qu'avec sa troupe, un profond amour pour les ritournelles pops rythmés, et pour la confrontation, tant les chansons sont évidemment taillées pour la scène. Difficile de dégager une track qui ne fonctionnerait pas sur n'importe quelle radio. Difficile d'imaginer une pop-song qui ne fonctionnerait pas avec la voix d'Eleanor. Son phrasé parlé est d'une musicalité de jazz, son timbre ce qu'il faut de cassé, ses consonnes profondes et appuyés, cynisme et sensualité se mêlant en rimes imparfaites. La voix d'une pote.

Et si rien ne s'invente dans Last Summer, si rien n'est neuf, l'hébétude est provoquée par l'absence totale de fautes de goûts dans cet exercice quasi-suicidaire de l'album-tubes. De Blondie aux Beatles, de Nancy Sinatra à Kim Gordon, Eleanor Friedberger n'emprunte pas mais ravive et modèle à son image, énergique, bavarde et bravache, moqueuse, passionnée, généreuse. Du matin café au métro relou, de l'apéro bruyant au dimanche ménager, Last Summer s'écoute dodelinant, complice, léger.
 

 

 

 
Tracklist de Last Summer
   1. My Mistakes
   2. Inn of the Seventh Ray
   3. Heaven
   4. Scenes from Bensonhurst
   5. Roosevelt Island
   6. Glitter Gold Year
   7. Owl's Head Park
   8. One-Month Marathon
   9. I Won't Fall Apart on You Tonight
  10. Early Earthquake

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